Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/138

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paraît que si les balles veulent dire quelque chose, on a envie de te chasser.

— Loup ! Petit de loup ! Va-t’en ! cria le prêtre, en agitant un brin de la plante sacrée appelée tulsi.

— Encore ? L’autre fois, c’était parce que j’étais un homme. Cette fois, c’est parce que je suis un loup. Allons-nous-en, Akela.

Une femme — c’était Messua — courut vers le troupeau, et pleura :

— Oh ! mon fils, mon fils ! Ils disent que tu es un sorcier qui peut se changer en bête à volonté. Je ne le crois pas, mais va-t’en, ou ils vont te tuer. Buldeo dit que tu es un magicien, mais moi, je sais que tu as vengé la mort de Nathoo.

— Reviens, Messua ! cria la foule. Reviens ou l’on va te lapider !

Mowgli se mit à rire, d’un vilain petit rire sec : une pierre venait de l’atteindre à la bouche :

— Rentre vite, Messua. C’est une de ces fables ridicules qu’ils répètent sous le gros arbre, à la tombée de la nuit. Au moins, j’aurai payé la vie de ton fils. Adieu, et dépêche-toi, car je vais leur renvoyer le troupeau plus vite que n’arrivent leurs tessons. Je ne suis pas sorcier, Messua. Adieu !