Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/176

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Au lever du jour, la crinière de Kotick se tenait debout toute seule, et sa patience était partie où vont les crabes morts. Alors, les vaches marines entreprirent de voyager très lentement du côté du nord, en s’arrêtant souvent pour tenir d’absurdes conciliabules tout en saluts grotesques, et Kotick les suivit en se disant :

— Des gens idiots à ce point se seraient fait massacrer depuis longtemps s’ils n’avaient découvert quelque île sûre ; et ce qui est assez bon pour Sea Cow est assez bon pour Sea Catch… C’est égal, j’aimerais qu’ils se dépêchent.

Ce fut un voyage harassant pour Kotick. Le troupeau des vaches marines ne parcourait jamais plus de quarante ou cinquante milles par jour, s’arrêtait la nuit pour brouter, et suivait la côte tout le temps, pendant que Kotick nageait autour, par-dessus et par-dessous, mais sans en obtenir rien de plus. À mesure qu’elles avançaient vers le nord, elles tenaient un conseil en saluts toutes les quelques heures, et Kotick s’était presque rongé la moustache d’impatience, lorsqu’il s’aperçut qu’elles remontaient un courant d’eau chaude. Alors, son respect pour elles s’accrut. Une nuit, elles se laissèrent couler à travers l’eau luisante —