Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/200

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un cri, tandis que le père se précipitait dehors avec un bâton ; mais, dans le temps qu’il venait, Karait avait poussé une botte imprudente, et Rikki-tikki avait bondi, sauté sur le dos du serpent, laissé tomber sa tête très bas entre ses pattes de devant, mordu au dos le plus haut qu’il pouvait atteindre, et roulé au loin. Cette morsure paralysa Karait, et Rikki-tikki allait le dévorer en commençant par la queue, suivant la coutume de sa famille à dîner, lorsqu’il se rappela qu’un repas copieux appesantit une mangouste, et que, pouvant avoir besoin sur l’heure de toute sa force et de toute son agilité, il lui fallait rester à jeun. Il s’en alla prendre un bain de poussière sous des touffes de ricins, tandis que le père de Teddy frappait le cadavre de Karait.

— À quoi cela sert-il ? pensa Rikki-tikki ; j’ai tout réglé.

Alors la mère de Teddy le prit dans la poussière et le serra dans ses bras, en pleurant qu’il avait sauvé Teddy de la mort ; et le père de Teddy déclara qu’il était une providence ; et Teddy regarda tout cela avec de grands yeux effarés.

Rikki-tikki se divertissait plutôt de tous ces embarras que naturellement il ne comprenait pas. La mère de Teddy aurait aussi bien pu caresser l’enfant