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le second livre de la jungle

par degrés jusqu’au rang de Premier Ministre du royaume. C’est-à-dire qu’il exerçait plus de pouvoir effectif que son propre maître, le Maharajah.

Lorsque le vieux roi — qui se méfiait des Anglais, de leurs chemins de fer et de leurs télégraphes — vint à mourir, Purun Dass resta en faveur auprès du jeune héritier qui avait eu un Anglais pour précepteur ; et, tous deux ensemble, quoiqu’il eut toujours soin d’en laisser le crédit à son maître, ils édifièrent des écoles pour petites filles, construisirent des routes, prirent l’initiative de dispensaires publics et d’expositions agricoles, publièrent annuellement un « livre bleu » sur le « Progrès moral et matériel de l’État » ; de sorte que le Foreign Office et le Gouvernement de l’Inde étaient enchantés.

Très peu d’États indigènes adoptent sans réserves le progrès anglais, car ils ne veulent pas croire, comme Purun Dass montrait bien qu’il le faisait, qu’une chose bonne pour un Anglais doit l’être deux fois pour un Asiatique.

Le Premier Ministre devint l’ami très honoré de Vice-rois, de Gouverneurs, de Lieutenants-Gouverneurs, de chargés de missions médicales, de missionnaires ordinaires, et d’intrépides officiers de cavalerie anglaise qui venaient chasser dans les