Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/125

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fessé, et le Père Victor sait tout ce que j’ai fait de mal. O’Hara, lui, fut emporté par la mort sur le seuil de Rafferty, avant de pouvoir parler, et personne ne sait tout ce qu’il a fait de mal. Mais voici quelque chose que je sais !

« Dans l’ancien temps le Tyrone était recruté au hasard. Un détachement de Connemara… un de Portsmouth… un de Kerry, et c’en était un sacrement mauvais que ce détachement-là !… ici, là et partout… mais le plus gros d’entre eux étaient Irlandais… des Irlandais Noirs. Or il y a Irlandais et Irlandais ; Les bons sont aussi bons que les meilleurs, les mauvais sont plus mauvais que les pires. C’est comme ça. Ils tiennent ensemble par coteries aussi étroitement que des larrons, et personne ne sait ce qu’ils vont faire jusqu’à ce que l’un se fasse délateur et qu’on disperse la bande. Mais dès le lendemain ils recommencent à se rencontrer dans des coins et des renfoncements, et à jurer des serments terribles, et à frapper quelqu’un dans le dos et à s’enfuir, et puis à chercher aux annonces des journaux le prix de la dénonciation… pour voir si ça vaut le coup. Ceux-là sont les Irlandais Noirs, et c’est eux qui jettent le discrédit sur le nom de l’Irlande, et c’est eux que je voudrais tuer… et j’en ai presque tué un une fois.

« Mais reprenons. Ma chambrée — c’était avant que je sois marié — comprenait douze types du rebut