Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/129

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je n’avais pas appris à supporter la boisson avec aisance. Cela va un peu mieux à présent.

« — Je vais me faire verser un seau d’eau sur la tête par Houligan, que je me dis.

« Et je m’apprêtais à me relever quand j’entendis quelqu’un dire :

« — Mulvaney peut bien en prendre la responsabilité puisque ce n’est qu’un chien de renégat.

« Ma tête résonnait comme un gong de salle de garde.

« — Oh ! oh ! que je me dis. Quelle est donc la responsabilité que doit prendre ce jeune homme pour faire plaisir à Tim Vulmea ?

« Car c’était Tim Vulmea qui avait parlé ;

« Je me mis sur le ventre et, rampant dans l’herbe, me rapprochai peu à peu de l’endroit où se tenait la conversation. J’aperçus les douze types de ma chambrée assis par terre en un petit cercle : l’herbe sèche ondulait par-dessus leurs têtes et le noir péché du meurtre ensinistrait leurs cœurs. Pour mieux les voir, j’écartai les tiges.

« — Qu’est-ce que c’est que ça ? que dit un homme au bruit, en se dressant d’un bond.

« — Un chien, que dit Vulmea. Tu es neuf à ce métier ! Comme je vous le disais, Mulvaney encourra la responsabilité… si on en vient à l’épreuve.