Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/130

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« — C’est dur de jurer la mort d’un homme, que dit un jeune homme.

« — Je te revaudrai ça, toi, que je pense. Mais, compagnons, que diable êtes-vous en train de mitonner contre moi ?

« — C’est aussi simple que d’avaler son quart, que dit Vulmea. À sept heures ou environ, O’Hara passera au quartier des ménages, pour aller faire visite à la femme de Slimmy, le porc ! L’un de nous avertira la chambrée, et nous nous mettrons à faire un train du diable… à rire et à blaguer et à jeter nos bottes de tous côtés. Alors O’Hara viendra nous donner l’ordre de nous tenir tranquilles, d’autant plus, entre parenthèses, que la lampe de chambrée aura reçu un coup de pied dans la bagarre. Il se dirigera droit vers la porte du fond là où se trouve la lampe dans la véranda, si bien qu’en s’arrêtant il se détachera en plein sur la lumière. Il ne pourra rien distinguer dans l’obscurité. L’un de nous fera feu, quasi à bout portant, et honte à celui qui le manquerait. Ce sera le flingot de Mulvaney, celui qui est à la tête du râtelier… une vache de fusil à longue crosse et à l’œil de travers, il n’y a pas à s’y tromper, même dans l’obscurité.

« Ce brigand-là injuriait mon vieux flingot par jalousie… j’en étais convaincu… et cela me rendit plus furieux que tout le reste.