Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/137

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m’installant à mon aise sur mon lit. Tu peux venir t’asseoir sur ma poitrine et toute la chambrée avec toi, je vous serrerai sur mon sein comme les plus grands diables qui aient jamais trompé autrui.

« Je n’avais aucune pitié pour Vulmea. Son œil ou sa vie… peu m’importait !

« Ils rentrèrent au crépuscule, tous les douze, et ils avaient tous bu. Je simulais de dormir sur mon lit. Un homme s’en alla faire le guet dans la véranda. Quand il siffla ils commencèrent à hurler dans la chambrée et à se démener en forcenés. Mais je ne souhaite plus entendre personne rire comme eux… car ils blaguaient, même ! On eût dit des chacals fous.

« — Assez de boucan, nom d’un tonnerre ! que dit O’Hara dans l’ombre.

« Et pan ! voilà la lampe de la chambrée qui dégringole. J’entendis O’Hara accourir et les hommes respirer fortement, debout alentour de mon lit. Je vis O’Hara dans la lumière de la lampe de la véranda, et puis j’entendis le claquement de mon flingot. Il cria fort, le pauvre chéri, car on l’avait brutalisé. À la même minute, cinq hommes me tenaient sous eux.

« — Allez doucement, que je leur dis. Qu’est-ce qui se passe ?

« Alors Vulmea, tombé sur le carreau, poussa un