Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aurait valu si la clavette de culasse avait été en place, sur mon âme ; ce serait tout juste celui de ma vie à moi si je vous disais qu’elle y était ou non. Soyez heureux que la balle n’y était pas, que je dis.

« — C’est vrai, qu’il dit, en se tirant la moustache ; mais vous avez beau être un rouspéteur, je ne crois pas que vous étiez du complot.

« — Sergent, que je dis, je serais capable d’ôter la vie à un homme en dix minutes à coups de poing si cet homme m’avait déplu ; car je suis un bon soldat, et je veux qu’on me traite comme tel, et tant que mes poings m’appartiendront ils seront assez forts pour toute besogne que j’ai à faire. Ils ne me sautent pas en arrière dans la figure ! que je dis, en le regardant entre les deux yeux.

« — Vous êtes un bon, qu’il dit, en me regardant aussi entre les deux yeux. (Et vrai, il avait l’air d’un fameux gaillard.) Vous êtes un bon, qu’il dit, et je souhaiterais, pour le simple agrément de la chose, de n’être pas sergent ou que vous ne soyez pas simple soldat ; et je vous prie de croire que je ne suis pas un capon quand je dis ça.

« — Je ne crois pas que vous en soyez un, que je dis. Je vous ai vu quand Vulmea a manié maladroitement son fusil. Mais, sergent, que je dis, acceptez que je vous donne un conseil à présent, parlant d’homme à homme, sans tenir compte des galons,