Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/146

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un qui a failli faire comme ce sacré Vulmea, le tout à cause de Mullins et d’un sacré bouton ! Mullins n’a jamais poursuivi une femme de sa vie. Mme Mullins, elle l’a vu un jour…

— Ortheris, m’empressai-je de dire, car les romans du soldat Ortheris sont trop osés pour être publiés, regardez au soleil. Il est six heures et un quart.

— Seigneur ! Trois quarts d’heure pour faire neuf kilomètres ! Il nous faudra courir comme des dératés !

Les Trois Mousquetaires regrimpèrent sur le pont et s’en furent hâtivement rejoindre la route de la garnison. Quand je les rattrapai, je leur offris deux étriers et la queue de mon cheval, qu’ils acceptèrent avec enthousiasme. Ortheris se tint à la queue, et dans cet équipage nous filâmes bon train parmi les ombres d’une route peu fréquentée.

À l’entrée de la caserne nous entendîmes un roulement de voiture. C’était la barouche du colonel, dans laquelle se trouvaient la femme et la fille dudit colonel. Je perçus un ricanement étouffé, et ma bête bondit en avant d’un pas plus léger.

Les Trois Mousquetaires s’étaient résorbés dans la nuit.