Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/17

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— Oh ! mon Dieu ! qu’elle roucoule, quel joli chien ! Est-ce qu’il voudra bien que je le caresse, monsieur le militaire ?

— Bien sûr, il ne demande pas mieux, madame, que je dis, car il raffole de la compagnie des dames. Viens ici, Rip, viens dire bonjour à la bonne dadame.

Et Rip, voyant que la mangouste avait filé pour de bon, arrive comme un gentleman qu’il était, pas du tout timide ni emprunté.

— Oh ! que tu es beau… mon joli chien-chien, qu’elle dit, en zézayant et en modulant ses paroles comme savent le faire ces femmes-là. J’aimerais avoir un chien comme toi. Tu es si aimable… si infiniment joli…

Et des tas de choses du même genre, qu’un chien intelligent n’estime peut-être pas du tout, mais qu’il supporte à cause de son éducation.

Et alors je me mets à le faire sauter par-dessus ma canne, et donner la patte, et faire le mort, et un tas d’autres tours comme les dames en apprennent aux chiens, bien que ça ne me dise pas grand’chose à moi, car c’est rendre ridicule un brave chien que de lui faire faire ces choses-là.

Et en définitive il m’apparaît qu’elle avait fait des yeux doux, comme on dit, à Rip depuis déjà longtemps. Voyez-vous, ses enfants grandissaient, et