Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/191

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— Il n’y a pas de Dieu, mais c’est le diable qui m’a entraîné !

Les relations se taisent là-dessus, car l’héroïsme, l’échec, le doute, le désespoir et le sacrifice de soi-même chez un vulgaire blanc cultivé sont choses d’importance nulle comparées au salut d’une âme à peine humaine qu’on détourne d’une baroque croyance aux esprits des bois, aux lutins des rochers et aux démons des fleuves.

Et Gallio, le percepteur-adjoint de la région, « ne se souciait en rien de ces choses ». Il était depuis longtemps dans le pays, et les Buria Kol l’aimaient et lui apportaient en offrande du poisson pêché à la lance, des orchidées venant du cœur obscur et humide des forêts, et autant de gibier qu’il en pouvait manger. En retour, il leur distribuait de la quinine, et de concert avec Athon Dazé, le grand-prêtre, il dirigeait leur naïve politique.

— Quand vous serez de quelque temps dans le pays, dit Gallio à la table de Krenk, vous finirez par constater qu’une religion en vaut une autre. Je vous aiderai de tout mon pouvoir, comme juste, mais ne blessez pas mes Buria Kol. Ce sont de braves gens et ils ont confiance en moi.

— Je leur enseignerai la Parole du Seigneur, dit Justus, dont la ronde figure rayonnait d’enthousiasme, et certes je n’irai pas hâtivement nuire à