Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/193

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moi je donnai cinq roupies au temple, et dis à Macnamara qu’il avait manqué de jugement. Il me répondit que je m’étais prosterné dans la demeure de Rimmon ; mais cela n’empêche que s’il était allé de l’autre côté de la montagne pour insulter Palin Deo, l’idole des Suria Kol, on l’aurait empalé sur un bambou durci au feu bien avant que j’eusse pu faire quelque chose, et alors je me serais vu forcé de faire pendre quelques-uns de ces pauvres idiots. Soyez doux avec eux, mes révérends… mais je ne pense pas que vous arriviez à grand’chose.

— Ce n’est pas de moi qu’il s’agit, répliqua Justus, mais de mon divin Maître. Nous commencerons par les petits enfants. Beaucoup d’entre eux doivent être malades… c’est de règle. Après les enfants les mères, et puis les hommes. Mais j’aimerais fort vous savoir de cœur avec nous.

Gallio prit congé pour aller risquer sa vie à raccommoder les ponts de bambou pourri de son peuple, à tuer ici ou là un tigre trop entreprenant, ou à pister les éclaireurs Suria Kol qui avaient coupé quelques têtes chez leurs frères du clan Buria. Gallio était un homme jeune, cagneux et traînant la patte, dénué par nature de religion et de respect, et doué d’une aspiration au pouvoir absolu que satisfaisait son indésirable district.

— Personne ne veut de mon poste, disait-il amè-