Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/22

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n’ai jamais encore aimé aucun chien, et il faut que je l’aie. Si je le reçois à la dernière minute je pourrai l’emporter à Mussorie Pahar et personne n’en saura jamais rien.

De temps à autre Mulvaney me lançait un clin d’œil, mais je ne comprenais toujours pas où il voulait en venir. Malgré cela je résolus de suivre son exemple.

— Eh bien, madame, que je dis, je ne croyais pas m’abaisser jusqu’à voler des chiens, mais si mon camarade voit comment on pourrait faire pour obliger une dame comme vous, je ne suis pas homme à rester en arrière, bien que ce soit une vilaine affaire, il me semble, et que trois cents roupies soient une médiocre compensation à la chance de voir ces maudites îles dont parle Mulvaney.

— J’irai jusqu’à trois cent cinquante, que dit Mme  de Souza ; faites seulement que j’aie le chien.

Nous nous laissons persuader, et elle prend sur-le-champ mesure à Rip et envoie chez Hamilton[1] commander un collier d’argent en prévision du moment où il serait à elle, ce qui devait arriver le jour de son départ à Mussorie.

— Dis donc, Mulvaney, que je dis une fois dehors, tu ne vas tout de même pas lui laisser prendre Rip ?

  1. Le plus grand bijoutier de Calcutta.