Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/282

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tortille sous l’édredon, ou se débat entre ses bottes, ou est enfoncé la tête en bas dans son pot à tabac, ou est déchiqueté par son chien dans la véranda — quand un pareil homme, dis-je, trouve un chaton, ni plus ni moins, une fois par jour, dans un lieu où on ne peut ni ne doit s’attendre logiquement à trouver de chaton, il est naturellement bouleversé. Quand il n’ose mettre à mort sa trouvaille quotidienne parce qu’il voit en elle une Manifestation, un Apport, une Incarnation, et une demi-douzaine d’autres choses semblables tout à fait en dehors du cours normal de la nature, il est plus que bouleversé. Il est positivement affligé. Quelques-uns des coreligionnaires de Lone sahib l’estimaient très favorisé ; mais la plupart étaient d’avis que s’il avait traité le premier chaton avec le respect convenable — le respect dû à une incarnation de Toth-Ra-Toum-Sennachérib — il se serait évité tout ce tintouin. Ils le comparaient au Vieux Marinier, mais néanmoins ils étaient fiers de lui et fiers de l’Anglais expéditeur de l’ « envoi ». Ils ne l’appelaient pas un « envoi », simplement parce que la magie islandaise ne faisait pas partie de leur programme.

Au bout de seize chatons, c’est-à-dire au bout d’une quinzaine, car il y avait eu trois chatons le premier jour, pour bien accuser le fait de l’ « envoi », tout le parti fut mis en émoi par une lettre — elle