Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/33

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comprenne rien ? Si fait, je me rends compte ! Au haut de mon dos, et dans mes bottes, et dans les cheveux ras de ma nuque, voilà où j’ai des yeux quand je suis de service et que mes yeux officiels sont fixes. Si je sais ! Croyez-en ma parole, monsieur, dans un régiment on sait tout et beaucoup plus encore ; ou sinon à quoi ça servirait-il qu’on ait un sergent-fourrier et que la femme d’un sergent serve de nourrice au petit du commandant ? Mais je reprends. C’était donc un mauvais instructeur, ce capitaine… un salement mauvais instructeur… et la première fois que je l’ai eu sous les yeux, je me suis dit : « Ah ! ah ! mon petit coq militaire, que je dis, mon coq d’un fumier de Gosport (car c’était de Portsmouth qu’il nous arrivait), voilà une crête à couper, que je dis, et par la permission de Dieu, c’est Térence Mulvaney qui la coupera. ».

« Il était donc à tourner autour de la fille du colonel, avec des sourires et des minauderies et des flatteries, et elle, la pauvre innocente, le regardait comme un bœuf de l’intendance regarde le cuisinier de la compagnie. Il avait un vilain petit brin de moustache noire et il tournait chacun des mots qu’il prononçait et s’en gargarisait, comme s’il le trouvait trop sucré pour le cracher. Ouais ! C’était un type sournois et un menteur de nature. Il y en a qui sont nés comme ça. Lui, par exemple. Je le