avec un sourire. Vous ne me connaissez pas, moi, la femme que vous devriez si bien apprécier !
Il n’est pas difficile de reconquérir une affection qui n’était point perdue. Angélique avait conscience de son pouvoir et se sentait disposée à l’exercer.
— Voulez-vous faire quelque chose pour moi, Le Gardeur ? lui demanda-t-elle d’un air coquet, en lui tapant les doigts avec son éventail.
— Comment ne voudrais-je pas ? Y a-t-il une chose que je refuserais de tenter sur la terre, au ciel ou dans les enfers, si vous m’accordiez en retour ce que j’estime plus que la vie même ?
— Qu’est-ce donc ?
Elle le devinait bien. Son cœur commençait à répondre à la passion qu’elle allumait.
— Qu’est-ce donc, Le Gardeur ? répéta-t-elle, en s’approchant.
— Votre amour, Angélique ! Votre amour ! ou je ne veux plus de la vie ! Votre amour ! et je vous serai le plus soumis et le plus dévoué des serviteurs !
C’était une parole téméraire, mais ils y crurent tous deux.
— Et si je vous le donne, Le Gardeur, fit-elle, en plongeant les doigts dans ses riches boucles dorées, si je vous le donne, serez-vous véritablement mon chevalier ? porterez-vous mes couleurs et combattrez-vous mes combats quels qu’ils soient ?
— Oui ! je vous le jure par tout ce qu’il y a de plus sacré ! Vous serez ma loi, Angélique ! votre plaisir sera mon devoir ! Vous serez mon but, mon motif et ma fin !
Ainsi s’égarait la raison du malheureux jeune homme.
— Le Gardeur, je vous aime ! fit Angélique avec transport.
Elle voyait que cet homme disait vrai ; mais elle ne pouvait pas mesurer la grandeur d’une telle passion.
Elle acceptait son amour, mais elle ne pouvait l’empêcher de déborder. Ainsi le vase qui s’emplit