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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/358

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LE CHIEN D’OR

ce qu’il fera probablement, s’il est sensible un peu. Il n’osera jamais se marier sans la permission de la Pompadour. La joyeuse poissonnière sait brider ses favoris. Bigot peut avoir autant de femmes que Salomon, si le cœur lui en dit, mais en contrebande ! autrement, il faut le consentement de la grande courtisane. Il paraît qu’elle raffole de lui. Ce serait la raison.

VII.

— Cadet ! Cadet ! crièrent plusieurs voix, vous êtes condamné à payer un panier de Champagne pour avoir laissé la table !

— Je le veux bien ! j’en paierai même deux, s’il le faut ! répliqua Cadet. Mais il fait chaud comme dans le Tartare ici ! Je suis comme un saumon rôti !

En effet, Cadet avait la face rouge, large, ronde, et il paraissait tout en feu.

Il fit quelques pas, sa démarche n’était point ferme : il titubait. Sa voix était rauque et plus grossière encore que de l’accoutumée.

Mais il conservait toujours passablement son intelligence.

— Je vais respirer un peu l’air frais du dehors, dit-il. Je me rendrai peut-être à la Fleur de lys. On ne se couche jamais à cette bonne vieille taverne.

— Je vais avec vous !… moi aussi !… et moi ! crièrent une dizaine de voix.

— Venez tous ! nous allons entrer dans ce vieux taudis. C’est là que se trouve le meilleur cognac de Québec. Comme de raison c’est du cognac volé !… Mais il n’en est que meilleur.

Le vieux Menut ne fut pas de cette opinion. Le cognac de la Fleur de lys ne valait pas mieux que le sien. Il avait payé les droits, lui, et sa boisson portait la marque de la grande compagnie. Il en appelait à tous les gentilshommes présents.

Pour lui plaire et le remettre de bonne humeur, Cadet et ses amis burent une nouvelle ronde. Le bruit, la confusion, le tapage redoublèrent. Quelques