Page:Klaproth - Tableaux historiques de l'Asie, 1826.djvu/250

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781, et retrouvé en i625. Ce monument porte toutes les preuves d'authenticité désirables; il aurait été également impossible à un Chinois et à un Européen de l'inventer et de l'exécuter tel qu'il est, comme tous les juges compétents peuvent l'affirmer. Des écrivains ignares ont osé contester cette authenticité ; d'autres ont été jusqu'à nier son existence, et ont accusé les missionnaires qui en ont parlé d'avoir, par une fraude pieuse , supposé ce monument. Quand cette supposition eût été praticable au milieu d'une nation défiante et soupçonneuse, dans un pays où les particuliers et les magistrats sont également mal disposés pour des étrangers, et surtout pour des missionnaires ; où tout le monde a l'œil ouvert sur les moindres démarches ; où l'autorité veille avec un soin extrême à tout ce qui tient aux traditions historiques et aux monuments de l'antiquité ; il serait encore bien difficile d'expliquer comment les missionnaires auraient été assez hardis pour faire imprimer et publier à la Chine, et en chinois, une inscription de dix-huit cents mots qui n'auraient jamais existé; comment des gens, qui ne venaient que d'arriver en Chine , auraient-ils pu imiter le style chinois, contrefaire la manière des écrivains de la dynastie des Thang , rappeler des usages peu connus, des circonstances locales, des dates conçues dans les figures mystérieuses de l'astrologie chinoise ; le tout sans se démentir un seul instant, et de manière à en imposer aux plus habiles lettrés, intéressés, par la singularité même de la découverte, à en discuter l'authenticité. On serait donc obligé de supposer qu'un lettré chinois, et un lettré des plus érudits, se serait joint aux missionnaires pour tromper ses cornpatriotes. Mais ce n'est pas tout: les bords de l'inscription sont couverts de noms syriens en beaux caractères stranghélo. Le faussaire savait donc le syriaque; ainsi cet homme aurait été en état de faire graver sous ses yeux , avec exactitude, quatre-vingt-dix lignes d'écriture syrienne qui était en usage autrefois , et dont la connaissance est aujourd'hui peu répandue. La liste des prêtres syriens qu'on lit sur le monument offre plusieurs noms peu connus encore à l'époque où on a placé la découverte de cette pierre, avant la publication des extraits d'Assemani. Le faussaire était donc un homme qui avait fait une étude approfondie des monuments syriaques. D'ailleurs, il ne suffirait pas d'expliquer la supposition de l'inscription dans l'édition chinoise, et dans les copies rapportées par les PP. Semedo, Martini et Boym; il faudrait encore