Page:Klein - Modorf-les-bains, 1888.djvu/134

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des raisons d’ordre social, il est rare de pouvoir utiliser le contrôle cadavérique, dans les cas où ce serait désirable. J’ai cependant eu la chance d’observer deux cas où la crétilication des lésions tuberculeuses constituait, sans le moindre doute, la guérison, et où celle-ci pouvait être mise en rapport avec l’usage méthodique et longtemps continué de l’eau de Mondorf.

Mlle W., 18 ans, française, d’une constitution délicate, offrant le type classique de ces natures «qui semblent ouïr de célestes accords déjà ici-bas», vint me consulter vers la fin de la saison 1881, pour une Affection phthisique du poumon droit, contre laquelle elle avait en vain essayé les secours de l’art. Le mal avait débuté par une inappétence continuelle, un amaigrissement progressif ; puis étaient survenus une toux sèche, avec un léger crachement de sang, la fièvre, les sueurs ; bientôt enfin ce fut l’image complet de la phthisie. Comme la saison était fort avancée, je conseillai à la patiente de faire un traitement hydrominéral à domicile ; elle devait prendre cinq verres d’eau de Mondorf par jour, et se faire faire des frictions froides tous les matins, pour remplacer les douches hydrothérapiques. De plus, l’ordonnance comprenait des lavements de quinine et l’emploi de la pepsine. J’eus la satisfaction de recevoir bientôt de bonnes nouvelles de ma patiente, et quand je la revis pour la première fois, vers la fin de l’hiver, je fus très agréablement surpris du changement qui s’était opéré chez elle. L’amélioration s’accentua encore davantage pendant l’été, de sorte que peu à peu nos rapports cessèrent, parce que mes soins devenaient superflus. Vers Noël 1885, je fus inopinément mandé auprès de mon ancienne patiente par un très pressant appel des parents. Arrivé au chevet de la malade, je la trouvai moribonde. Voici ce qui s’était passé : Mlle W., depuis la disparition des symptômes poitrinaires, s’était peu à peu fortifiée et jouissait d’une bonne santé. Au commencement de l’hiver, elle attrapa par suite d’un refroidissement accidentel, une violente sciatique, à tel point que les douleurs l’empêchaient de marcher. Un médecin, ignorant tout-à-fait les graves antécédents pulmonaires de la patiente, ordonna un bain chaud, aussi chaud que celle-ci pouvait le supporter, avec sudation consécutive. Le conseil était absolument correct quant au mal, mais néfaste pour la patiente. Elle ne se trouva pas depuis une minute au bain, qu’elle eut une hémorrhagie pulmonaire formidable, la privant de plusieurs litres de sang. Ce fut une saignée à blanc ; de plus, une bronchopneumonie se déclara immédiatement après, et cette affection, se développant dans un tissu qui avait déjà passé par une grave atteinte, ne manqua pas