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exactitude absolue, et il est toujours permis d’accepter les analyses des eaux minérales, surtout de celles dont la composition est complexe, comme c’est le cas pour la nôtre, «cum grano salis». En effet, le chimiste rassemble et combine les principes élémentaires qu’il a trouvés par l’intervention de ses réactifs, selon la table des affinités chimiques. Il ne peut pas garantir avec une exactitude mathématique qu’il en soit ainsi dans la nature, et que les sels qu’il fait figurer dans le tableau de l’analyse, se trouvent réellement ainsi composés dans les eaux minérales ; car celles-ci se forment la plupart du temps dans les profondeurs de la terre, où il existe des conditions de pression et de température tout autres que celles sous lesquelles on opère dans le laboratoire. Et puis, il faut noter que le même acide produit sur l’organisme un effet tout différent selon qu’il se trouve combiné avec une base plutôt qu’avec une autre ; témoin l’acide prussique, lequel, avec la potasse, produit un des poisons les plus redoutables, tandis qu’en alliance avec le fer, il n’engendre qu’un sel tout à fait inoffensif, grâce au groupement différent des atomes dans les deux corps. En vertu d’une disposition analogue, la cigüe si vénéneuse, et le persil indispensable à nos cuisinières, appartiennent à la même famille botanique.

Pratiquement tout le monde sait qu’il est difficile d’imiter les eaux minérales, et que les eaux artificielles sont faciles à reconnaître à leur saveur d’abord, mais surtout en raison de leur action très faible sur l’organisme. Les eaux purgatives naturelles, pour rappeler un fait bien connu, ont un pouvoir bien plus énergique que la dose correspondante des sels y contenus. À l’adresse des esprits sceptiques, je me permettrai de rapporter à cette place l’opinion d’un des plus grands chirurgiens de notre époque, et qui certes ne peut être suspecté de la crédulité qu’on reproche si volontiers aux balnéologues de profession. Sir H. Thompson, dans son traité sur les maladies des voies