Page:Klein - Modorf-les-bains, 1888.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tié du traitement, et il est temps que nous venions à nous occuper de cette importante question. Maint lecteur aura déjà trouvé étrange que nous ayons jusqu’ici gardé le silence sur cette matière qui constitue ordinairement une des premières préoccupations du baigneur quand il arrive aux eaux. En effet, les médecins de beaucoup de villes de bains ne manquent pas d’insister gravement sur l’incompatibilité de tel ou tel aliment avec leurs eaux, et de prévenir le nouvel arrivé contre le danger auquel il s’exposerait en mangeant de certains plats. Les fruits surtout se trouvent sur la liste de proscription ; les uns renferment du tannin qui pourrait neutraliser le fer des eaux minérales, les autres des acides qui en satureraient les alcalis. Malheur à l’imprudent qui oserait enfreindre ces commandements sacro saints ! Une attaque d’apoplexie, une décomposition du sang et d’autres accidents, les uns aussi lugubres que les autres, l’attendent comme punition. C’est surtout en Allemagne que le pédantisme balnéaire s’efforce à conserver pieusement ces traditions séculaires qui cadrent si mal avec les progrès de la science. Même là où l’on a voulu rompre avec l’ancienne hygiène balnéaire et adopter celle-ci davantage aux lois physiologiques, on n’est pas arrivé plus loin qu’à un cliché banal, au fameux, «kurgemäss» ; c’est-à-dire que le régime s’adresse indistinctement à tous ceux qui boivent l’eau, au lieu de tenir compte de la maladie seule, et même de l’individualité. Pour ne citer qu’un exemple frappant, voyons un peu ce qui se passe à Carlsbad, qui a la prétention d’être le grand hôpital international de l’Europe. Le baigneur, avant de s’y rendre, est déjà prévenu des rigueurs de la diète ; on l’a rassuré d’avance en lui disant qu’à l’hôtel il ne pourra dîner que d’après une carte spéciale, de sorte qu’il ne saurait trébucher dans la bonne voie. Au surplus, quand il est méticuleux, on lui conseille de se munir du livre du Dr Wiel «la table des dyspeptiques», qui lui servira