Page:Klein - Modorf-les-bains, 1888.djvu/76

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dans le traitement d’une maladie, on énumère un grand nombre de remèdes, on peut être sûr qu’il n’y a pas un seul qui vaille, et que le treizième de la douzaine est le bon. J’ai dit au commencement de ce chapitre qu’on peut permettre un doigt de vin au dyspeptique pour son repas : c’est une tolérance et non pas une recommandation, parce qu’on tient volontiers compte des habitudes antérieures du patient. Les liqueurs, le café et le thé, surtout ces deux derniers, sont parfaitement nuisibles à la digestion. Le café et le thé sont des drogues vraiment médicamenteuses et produisent une action intense sur le système nerveux, une excitation des facultés cérébrales ; mais en même temps leur influence sur l’estomac est tout-à-fait désastreuse. D’abord ils tuent la faim, et si cette propriété est peut-être, et bien malheureusement, une vertu pour le prolétaire, ce n’est plus une pour un estomac souffrant. En outre Beaumont a pu observer, que le café aussi bien que le thé retardaient de une à deux heures la digestion. Il est certain que si l’on prenait sa tasse de café avant de se mettre à table, on n’épuiserait guère une longue série de plats. En revanche, le besoin d’un bon café se fait surtout sentir après un repas plantureux, et il est aisé de constater alors la façon dont il fait « passer le manger » comme on s’exprime. En effet un dîner trop copieux nous alourdit, fatigue notre intellect ; il paraîtrait que l’estomac, en lutte avec une quantité exceptionnelle de mets et de boissons, absorbe toutes les forces nerveuses du corps. La légère congestion cérébrale inséparable de tout bon repas, dûment arrosé par des vins exquis et capiteux, produit une somnolence, une torpeur, qui cadrent généralement très mal avec les obligations du lieu et du moment. Le café vient alors très opportunément dissiper ces aspirations de la vie végétative ; il ranime la conversation languissante et réveille l’esprit qui a eu son quart d’heure du vieil Homère, dont le génie aussi dormitat aliquando.