Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/72

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sa fille à l’aider de toutes ses forces dans la conduite de cette entreprise.

Toni, à demi levée sur son lit, s’écria en rougissant d’indignation qu’il serait trop lâche et cruel de violer ainsi l’hospitalité accordée à un malheureux qu’elles avaient attiré dans la maison.

Elle prétendit que sa tête était sacrée, et que si sa mère ne voulait renoncer à ses affreux projets, elle allait de ce pas informer l’étranger du danger qui le menaçait.

« Toni ! » dit la vieille en regardant fixement sa fille, et la surprise l’empêcha de continuer.

« Ah ! reprit celle-ci en baissant la voix, que nous a fait ce jeune homme pour que nous le trahissions indignement ? Il n’est pas même Français, et tout annonce en lui qu’il est rempli d’humanité et de noblesse ; cer-