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Page:Klingsor - Humoresques, 1921.djvu/132

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LE MÉNÉTRIER


Quand le ménétrier des morts est passé Avec un mignon cercueil pour boîte à violon, Le crâne sans toque et les pieds déchaussés, Lansquenets bravaches ou félons, Pages d'amour charmants ou vieux cocus rossés Ont fait la courbette jusqu'à ses talons.

Quand le ménétrier des morts est passé Avec un tibia pour archet, Abbés papelards, mitrés et crossés, Pourvus de pécheresses et d'évêchés, Ont lampé leur dernier pichet Et sont vite allés se confesser.

Et toi aussi, chère petite adorée, Tu as mis ta collerette de neige Et ta couronne de fiancée Pour suivre l'étrange cortège De danseurs et d'amoureuses au bout du pré. Quand le ménétrier des morts est passé.