Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/159

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(Frédéric se débarrasse des mains des chasseurs, et se jete aux pieds du baron. Les chasseurs veulent l’en empêcher ; le baron leur fait signe de le laisser faire.)

Frédéric.

Ah ! j’ai mérité la mort… je la désire… je la demande : mais sauvez, sauvez ma mère ! secourez-la, s’il en est temps encore. Là-bas, dans ce village, vous la trouverez peut-être agonisante… Pour elle j’ai bravé la honte, je brave encore la mort : mais qu’elle vive, et je mourrai content. Ah ! vous ne savez pas de quel prix cette action sera pour vous aux yeux de l’Éternel.

Le Baron.

Qu’on l’emmène ! gardez-vous surtout de lui faire aucun mal dans la tour, entendez-vous !

Frédéric, entre les mains des chasseurs qui l’emmènent.

Ah ! mon père ! mon père ! que ne pouvez-vous me voir dans ce moment, oui, dans ce moment cruel, environné d’horreur… où tout secours humain m’abandonne… où Dieu seul me reste : votre fils, que vous seul avez rendu coupable, est encore cent fois, oui cent fois moins malheureux que vous : marchons…

(Les chasseurs l’emmènent. Le baron rappèle un d’entr’eux)

Écoutez : allez vous-en à ce village ; cherchez soigneusement si dans quelque maison vous ne trouverez pas une femme malade et dans le besoin ; s’il en est ainsi, portez-lui cette bourse : allez… (le chasseur sort) Cette aventure a quelque