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à Moussorgsky — et ceci personne ne l’a rappelé lors du centenaire de Flaubert, — d’être, en 1863, ému et enthousiasmé par la lecture de Salammbô au point d’en entreprendre une version musicale. Ce projet demeura inachevé, comme plusieurs autres qu’avait conçus le génial et malheureux musicien. Il replaça plus tard les fragments symphoniques déjà écrits dans la partition de Boris Godounow. Nous n’avons pas eu une Salammbô lyrique de Moussorgsky et celle de Roger ne nous en consolera pas, mais nous pouvons penser qu’une telle lecture d’un livre maniant, si puissamment les foules, contribua beaucoup à guider l’auteur de ce chef-d’œuvre unique qu’est Boris Godounow vers l’expression musicale des masses. Je ne rappelle ces quelques faits que pour dire combien il serait peu surprenant que M. Kouprine, dont le talent de réaliste a été souvent assimilé à celui de Maupassant, disciple direct de Flaubert, eût un jour voulu contenter une certaine part lyrique et coloriste de son talent en faisant, à la manière russe, un morceau de prose analogue aux grands contes de Flaubert et notamment à la splendide Herodias. Pour le Russe semi-asiatique bien plus encore que pour l’écrivain français que passionnèrent la romanité et l’esprit méditerranéen, le conte oriental, le conte palestinien devait être une hantise iné-