Page:Kouprine - Sulamite.djvu/151

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ils essayaient d’eff1eurer à la dérobée le bord de sa robe légère qui s’agitait imperceptiblement. Sous Pempire d’une sensualité extrême et jamais satisfaite, leur imagination s’échauffait jusqu’aux dernières limites du possible; l'ingéniosité qu’ils déployaient dans les jouissances de Cybèle et d’Achéra, dépassait toutes les possibilités humaines.

Et, jaloux les uns des autres, jaloux de tous les hommes, des femmes, des enfants mêmes qui approchaient la reine, ils lui avaient voué un culte plus fervent qu’à Isis même, mais eur amour dégénérait en haine, car ils reconnaissaient en elle l'intarissable et ardente source de leurs cruels et délicieux désirs.

Il circulait à Jérusalem beaucoup de méchants bruits sur la reine Astis, des bruits sinistres, à la fois ténébreux et captivants. Pour leurs beaux enfants, garçons ou filles, les parents redoutaient l’oeil de la reine; prononcé de- vant une couche conjugale, son nom était considéré comme souillure et mauvais présage. Et malgré cela, nombreux étaient les hommes qui, grisés, poussés vers elle par une