Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/106

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maux, auxquels il ouvrait le ventre, arrachait les entrailles, pendant qu’il se masturbait. Il prétend avoir éprouvé alors un plaisir indicible. En 1846, les cadavres ne lui suffisaient plus. Il tua deux chiens, avec lesquels il fit la même chose. Vers la fin de 1846, il lui vint, pour la première fois, l’envie de se servir de cadavres humains. D’abord, il résista. En 1847, comme il venait d’apercevoir par hasard, au cimetière, la tombe d’un mort qu’on venait d’enterrer, cette envie le prit si violemment, en lui causant des maux de tête et des battements de cœur, que, bien qu’il y eût du monde tout près et en danger d’être découvert, il se mit à déterrer le cadavre. N’ayant sous la main aucun instrument pour le dépecer, il prit la bêche d’un fossoyeur et se mit à frapper avec rage sur le cadavre. En 1847 et 1848 se manifestait pendant quinze jours, avec de violents maux de tête, l’envie de brutaliser des cadavres. Au milieu des plus grands dangers et des plus grandes difficultés, il satisfit environ quinze fois ce penchant. Il déterrait les cadavres avec ses ongles, et, telle était son excitation, qu’il ne sentait même pas les blessures qu’il se faisait aux mains. Une fois en possession du cadavre, il l’éventrait avec son sabre ou son couteau, arrachait les entrailles pendant qu’il se masturbait. Le sexe des morts, prétend-il, lui était absolument égal ; mais on a constaté que ce vampire moderne avait déterré plus de cadavres de femmes que de cadavres d’hommes. Pendant ces actes, il se trouvait dans une excitation sexuelle indescriptible. Après avoir dépecé les cadavres, il les enterrait de nouveau.

Au mois de juillet 1848, il tomba, par hasard, sur le cadavre d’une fille de seize ans.

C’est alors que, pour la première fois, s’éveilla en lui l’envie de pratiquer le coït sur le cadavre. « Je le couvrais de baisers et le pressais comme un enragé contre mon cœur. Toute la jouissance qu’on peut éprouver avec une femme vivante n’est rien en comparaison du plaisir que j’éprouvai. Après en avoir joui environ quinze minutes, je dépeçai, comme d’habitude, le cadavre et en arrachai les entrailles. Ensuite je l’enterrai de nouveau. »

C’est à partir de cet attentat, prétend B…, qu’il a senti l’envie de jouir sexuellement des cadavres avant de les dépecer, ce qu’il a fait avec trois cadavres de femmes. Mais le vrai mobile qui le faisait déterrer les cadavres était resté le même : le dépècement, et le plaisir qu’il éprouvait à cet acte était plus grand que celui que lui procurait le coït pratiqué sur le cadavre.