Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/180

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laide, les chaussures ne produisent pas d’effet et l’imagination du malade se refroidit. S’il n’a à sa disposition que des souliers, il arrive par son imagination à y rattacher une belle femme et alors l’éjaculation se produit. Ses rêves nocturnes n’ont pour objet que des bottines de belles femmes. La vue des souliers de femmes dans les étalages choque le malade comme quelque chose de contraire à la morale, tandis qu’une conversation sur la nature de la femme lui paraît inoffensive et inepte. À plusieurs reprises, il a tenté le coït, mais sans succès. Il n’arrivait jamais à l’éjaculation.


Dans le cas suivant, l’élément masochiste est encore assez distinct, mais à côté il y a aussi des velléités sadistes (Comparez plus haut les tortureurs de bêtes).


OBSERVATION 62. — Jeune homme vigoureux, vingt-six ans. Ce qui l’excite sensuellement dans le beau sexe, ce sont uniquement des bottines élégantes aux pieds d’une femme bien « chic », surtout quand les bottines sont de cuir noir avec un talon très haut. La bottine sans la porteuse lui suffit. C’est sa suprême volupté de voir la bottine, de la palper et de l’embrasser. Le pied nu d’une dame ou seulement chaussé d’un bas le laisse absolument froid. Depuis son enfance il a un faible pour les bottines de dames. X… est puissant ; pendant l’acte sexuel, il faut que la personne soit élégamment mise et qu’elle ait avant tout de belles bottines. Arrivé à l’apogée de l’émotion voluptueuse, des idées cruelles se mêlent à son admiration des bottines. Il faut qu’il pense avec délice aux douleurs d’agonie qu’a souffert l’animal dont la peau a fourni la matière des bottines. De temps en temps, il se sent poussé à apporter des poules et d’autres animaux vivants chez la Phryné pour que celle-ci les écrase de ses élégantes bottines et lui procure ainsi une plus grande volupté. Il appelle ce procédé « sacrifier aux pieds de Vénus ». D’autres fois, la femme chaussée est obligée de le piétiner ; plus elle l’écrase, plus il éprouve de plaisir.

Jusqu’à il y a un an, il se contentait, comme il ne trouvait aucun charme à la femme même, de caresser des bottines de femmes de son goût, et, au milieu de ces caresses, il avait des éjaculations et une satisfaction complète (Lombroso, Archiv. di psichiatria, IX, fascic. 3)


Le cas suivant rappelle en partie le troisième de cette série