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ment, aujourd’hui même, comment les coutumes de nombreuses générations jointes au rôle passif que la nature a attribué à la femme, ont développé dans le sexe féminin la tendance instinctive à se soumettre à la volonté de l’homme. Il remarquera aussi que les femmes trouvent inepte une accentuation trop forte de la galanterie usuelle, tandis qu’une nuance d’attitude impérieuse est accueillie avec un blâme hautement manifesté, mais souvent avec un plaisir secret[1].

Sous le vernis des mœurs de salon, l’instinct de la servitude de la femme est partout reconnaissable.

Ainsi il est tout indiqué de considérer le masochisme comme une excroissance pathologique des éléments psychiques, surtout chez la femme, comme une accentuation morbide de certains traits de son caractère sexuel psychique ; il faut donc chercher son origine primitive dans le sexe féminin.

On peut admettre comme bien établi que le penchant à se soumettre à l’homme – (qu’on peut toutefois considérer comme une utile institution acquise et comme un phénomène qui s’est développé conformément à certains faits sociaux) – existe chez la femme, jusqu’à un certain point, comme un phénomène normal.

Que, dans ces circonstances, on n’arrive pas souvent à « la poésie » de l’hommage symbolique, cela tient en partie à ce que l’homme n’a pas la vanité du faible qui veut faire ostentation de son pouvoir (comme les dames du Moyen Âge en présence de leur cavalier servant), mais qu’il préfère en tirer un profit réel. Le barbare fait labourer ses champs par sa femme ; le philistin de notre civilisation spécule sur la dot. La femme supporte volontiers ces deux états.

Il est probable qu’il y a chez les femmes des cas assez fré-

  1. Comparez les paroles de Lady Milford dans Kabale und Liebe de Schiller : « Nous autres femmes, nous ne pouvons choisir qu’entre la domination et la servitude ; mais le plus grand bonheur du pouvoir n’est qu’un misérable pis-aller, si ce plus grand bonheur d’être esclaves d’un homme que nous aimons nous est refusé. » (Acte II, scène 1.)