Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/219

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L… connaissait une belle jeune femme, douée de tous les charmes ; mais sa main était quelque peu trop grande et n’était peut-être pas toujours aussi propre que L… l’aurait désiré. Par suite de cette circonstance, il était non seulement impossible à L… de porter un intérêt sérieux à cette dame, mais il n’était même pas capable de la toucher. Il dit qu’il n’y a rien qui le dégoûte autant que des ongles mal soignés ; seul l’aspect d’ongles malpropres le met dans l’impossibilité de tolérer le moindre contact avec une dame, fût-elle la plus belle. D’ailleurs, pendant les années précédentes, L… avait souvent remplacé le coït ut puellam usque ad ejaculationem effectam membrum suum manu tractare jusserit[ws 1].

Je lui demande ce qui l’attire particulièrement dans la main de la femme, s’il voit surtout dans la main le symbole du pouvoir et s’il éprouve du plaisir à subir une humiliation directe de la femme. Le malade me répond que c’est uniquement la belle forme de la main qui l’excite, qu’être humilié par une femme ne lui procurerait aucune satisfaction et que, jusqu’ici, jamais l’idée ne lui est venue de voir dans la main le symbole ou l’instrument du pouvoir de la femme. Sa prédilection pour la main de la femme est encore aujourd’hui si forte chez lui, ut majore voluptate afficiatur si manus feminæ membrum tractat, quam coitu in vaginam[ws 2]. Pourtant, le malade préfère accomplir le coït, parce que celui-ci lui paraît naturel, tandis que l’autre procédé lui semble être un penchant morbide. Le contact d’une belle main féminine sur son corps cause au malade une érection immédiate ; il dit que l’accolade et les autres genres de contact sont loin de lui faire une impression aussi puissante.

Ce n’est que dans les dernières années que le malade a fait plus souvent le coït, mais toujours il lui en coûtait de s’y décider.

De plus, il n’a pas trouvé dans le coït la satisfaction pleine et entière qu’il cherchait. Mais quand L… se trouve près d’une femme qu’il désire posséder, son émotion sexuelle augmente au seul aspect de cette femme, au point de provoquer l’éjaculation. L… affirme formellement que, dans une pareille occurrence, il s’abstient intentionnellement de toucher ou de presser son membre. L’écoulement du sperme qui a lieu dans ce cas procure à L… un plaisir de beaucoup plus grand que l’accomplissement du coït réel[1].

Les rêves du malade, dont nous avons encore à nous occuper,

  1. en commandant à la fille de le masturber de la main jusqu’à éjaculation
  2. qu’il éprouve une bien plus grande volupté lorsqu’une main de femme le masturbe que par le coït vaginal
  1. Donc hyperesthésie sexuelle à un très haut degré (comparez plus haut).