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pris de délire alcoolique et dut être transporté à l’hôpital. Après l’avoir guéri de l’intoxication, un traitement approprié fit disparaître assez rapidement son excitation sexuelle, et, lorsque le malade fut renvoyé de l’hôpital, il était délivré de son idée fétichiste qui ne se manifestait que rarement dans ses rêves nocturnes.

L’examen du corps a fait constater l’état normal des parties génitales et l’absence totale de stigmates de dégénérescence.


Ces cas de fétichisme des nattes, qui mènent à des vols de nattes de femmes, paraissent se rencontrer de temps en temps dans tous les pays. Au mois de novembre 1890, des villes entières des États-Unis de l’Amérique ont été, au dire des journaux américains, inquiétées par un coupeur de nattes.


b) Le fétiche est une partie du corps féminin

On sait combien grande est, en général, l’importance des bijoux et de la toilette de la femme, même pour la vita sexualis normale de l’homme. La civilisation et la mode ont créé pour la femme des traits artificiels de caractère sexuel dont l’absence peut être considérée comme une lacune et peut produire une impression étrange, quand on se trouve en présence d’une femme nue, malgré l’effet sensuel que doit normalement produire cette vue[1].

À ce propos, il ne faut pas oublier que la toilette de la femme a souvent tendance à faire ressortir, et même à exagérer, certaines particularités du sexe, des traits de caractère sexuel secondaires, tels que la gorge, la taille, les hanches.

Chez la plupart des individus, l’instinct génital s’éveille longtemps avant de pouvoir trouver l’occasion d’avoir des rapports intimes avec l’autre sexe, et les appétits de la première jeunesse se préoccupent habituellement d’images du corps de la femme vêtue. De là vient que souvent, au début de la vita sexualis, la représentation de l’excitant sexuel et

  1. Comparez les remarques de Gœthe sur son aventure à Genève (Lettres de Suisse).