Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/246

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

deux ans, lorsqu’il épousa une belle fille qu’il aimait, il n’avait jamais pratiqué aucune manœuvre sexuelle.

Pendant sa nuit de noce, il resta insensible jusqu’à ce que, dans son embarras, il se vit obligé d’évoquer le souvenir de la tête de vieille femme laide coiffée d’un bonnet de nuit. Aussitôt le coït réussit.

Dans la période qui suivit, il dut parfois recourir à ce moyen. Depuis son enfance, il avait de temps en temps de profondes dépressions de caractère avec tendances au suicide, et quelquefois aussi des hallucinations terrifiantes pendant la nuit. En regardant par la fenêtre, il était saisi de vertige et d’angoisse. C’était un homme gauche, bizarre, embarrassé, et mal doué intellectuellement. (Charcot et Magnan, Arch. de Neurol., 1882, nº 12.)


Dans ce cas très curieux, une coïncidence fortuite entre la première émotion sexuelle et une impression tout à fait hétérogène, semble avoir seule déterminé le caractère du penchant.

Un cas presque aussi étrange de fétichisme d’association accidentelle est rapporté par Hammond (op. cit., p. 50). Un homme marié, âgé de trente ans, et qui en somme était tout à fait bien portant et psychiquement normal, aurait vu l’impuissance se déclarer à la suite d’un changement de logement et disparaître après qu’on lui eut remis sa chambre à coucher dans son ancien état.

c) Le fétiche est une étoffe

Il y a un troisième groupe principal de fétichistes, dont le fétiche n’est ni une partie du corps féminin, ni une partie des vêtements de la femme, mais une étoffe déterminée, qui même ne sert pas toujours à la confection de la toilette féminine, et qui cependant peut, par elle-même, en tant que matière, faire naître ou accentuer les sentiments sexuels. Ces étoffes sont : les fourrures, le velours et la soie.

Ces cas se distinguent des faits précédents de fétichisme érotique du vêtement par le fait que ces étoffes ne sont pas, comme le linge, en rapports étroits avec le corps féminin et