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mène anormal présente divers degrés dans son développement, c’est-à-dire diverses formes et manifestations.

1) À côté du sentiment homosexuel prédominant il y a des traces de sentiments hétéro-sexuels (hermaphrodisme psycho-sexuel) ;

2) Il n’y a de penchant que pour son propre sexe (homosexualité) ;

3) Tout l’être psychique se conforme au sentiment sexuel anormal (effémination et viraginité) ;

4) La conformation du corps se rapproche de celle qui répond au sens sexuel anormal.

Cependant, on ne rencontre jamais de vraies transitions à l’hermaphrodisme ; au contraire, les organes génitaux sont parfaitement différenciés, de sorte que, comme dans toutes les perversions morbides de la vie sexuelle, il faut chercher la cause du phénomène dans le cerveau (androgynie et gynandrie).

Les premiers renseignements un peu exacts[1] sur ces phénomènes de nature énigmatique nous viennent de Casper (Über Nothzucht und Päderastie, Casper’s Vierteljahrsschr., 1852, I) qui les confond avec la pédérastie[ws 1], c’est vrai, mais

  1. sodomie
  1. M. le docteur Moll, de Berlin, attire mon attention sur le fait qu’on trouve déjà des allusions à l’inversion sexuelle concernant des hommes, dans le Moritz’s Magazin f. Erfahrungseelenkunde, t. VIII, Berlin, 1791. En effet, on y cite les biographies de deux hommes pris d’un amour délirant pour des personnes de leur propre sexe. Dans le deuxième cas, qui est particulièrement remarquable, le malade explique l’origine de son « aberration » par le fait qu’étant enfant, il n’a été caressé que par des personnes adultes, et à l’âge de dix à douze ans par ses camarades d’école. « Cela et la privation de la société des personnes de l’autre sexe ont eu pour conséquence chez moi de détourner le penchant naturel pour le sexe féminin et de le reporter sur les hommes. Maintenant encore les femmes me sont indifférentes. »

    On ne peut pas dire s’il s’agissait d’un cas d’inversion congénitale (hermaphrodisme psycho-sexuel) ou acquise. Le cas le plus ancien d’inversion sexuelle qu’on connaisse jusqu’ici en Allemagne concerne une femme qui était mariée avec une autre femme et cohabitait avec son consort au moyen d’un priape en cuir. Un cas de viraginité qui s’est présenté au commencement du siècle passé, et qui est très intéressant aussi au point de vue juridique et historique, a été puisé dans les dossiers officiels et cité par le docteur Muller d’Alexandersbad dans Friedreichs Blætter f. ger. Medicin cahier 4.