Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/359

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mûr et calme, je ne trouvais plus de plaisir que dans les travaux assidus de mon métier. J’espérais que mon énorme instinct génital était près de s’éteindre, épuisé que j’étais par les immenses fatigues de la campagne.

À peine fussé-je reposé que l’ancien instinct indomptable recommença à se faire sentir en moi et m’entraîna à des satisfactions effrénées. Souvent je faisais mon examen de conscience, me reprochais mon penchant répréhensible aux yeux du monde, sinon aux miens.

Pendant un an, je m’abstins, en déployant toute ma force de volonté ; ensuite, j’allai dans la capitale pour me forcer aux rapports avec les femmes. Moi qui, à la vue du plus sale garçon d’écurie, étais pris d’érections violentes, je n’avais guère d’émotion auprès de la plus belle des femmes. Je rentrais anéanti. J’avais un garçon pour mon service et en même temps pour mes satisfactions sexuelles.

La solitude de la vie du médecin de campagne, le vif désir d’avoir des enfants, me poussaient au mariage. Du reste, je voulais couper court aux cancans des gens, et j’espérais en outre triompher enfin de mon fatal penchant.

Je connaissais une demoiselle pleine de bonté et de cœur, et de l’amour de laquelle j’étais convaincu. Je réussis, grâce à l’estime et à l’adoration que j’avais pour ma femme, à remplir mes devoirs conjugaux. Ce qui me facilita ma tâche, ce fut l’air garçon qu’avait ma femme. Je l’appelais mon Raphaël, je fouettais mon imagination pour évoquer des images de garçons et arriver ainsi à l’érection. Mon imagination se lassa au bout d’un moment : c’en était fait de l’érection. Je ne pouvais pas dormir dans le même lit que ma femme. Dans ces deux dernières années, le coït m’a toujours été de plus en plus difficile à exécuter, et, depuis deux ans, nous y avons renoncé. Ma femme connaît mon état d’âme. Sa bonté de cœur et son amour pour moi ont pu la décider à n’y attacher aucune importance.

Mon penchant sexuel pour mon propre sexe est resté toujours le même, et malheureusement il m’a forcé souvent à faire des infidélités à ma femme.

Aujourd’hui encore, l’aspect d’un garçon de seize ans me met dans une vive excitation sexuelle avec des érections gênantes, de sorte que je me soulage à l’occasion par la manustupration du garçon ou par la masturbation sur moi-même.

Les tourments que je souffre sont indescriptibles. Faute de