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fait son baccalauréat, X… devint, à l’âge de dix-neuf ans, étudiant de l’Université. Là, il se fit remarquer par son genre cynique et par la fréquentation de jeunes gens sur lesquels toutes sortes de bruits couraient, avec force allusions à leurs amours homosexuelles. Il commença à devenir coquet dans sa mise ; il aimait les cravates voyantes, portait des chemises très échancrées au cou, serrait ses pieds dans des bottes étroites et peignait ses cheveux d’une façon étrange. Ces penchants disparurent lorsqu’il eut terminé ses études universitaires et qu’il fut rentré chez ses parents.

À l’âge de vingt-quatre ans, il fut gravement neurasthénique pendant quelque temps. À partir de cette époque et jusqu’à l’âge de vingt-neuf ans, il parut très sérieux, se montrant très capable dans son métier ; mais il évitait la société du beau sexe et rôdait toujours avec des messieurs d’une réputation douteuse.

Le malade n’a pas consenti à un examen personnel. Il s’est excusé par lettre, en disant qu’il le croit sans utilité, son penchant pour son propre sexe existant chez lui depuis son enfance et étant congénital. De tout temps, il a eu l’horror feminæ[ws 1], et il n’a jamais pu se décider à goûter les charmes féminins. Vis-à-vis de l’homme, il se sent dans le rôle masculin. Il reconnaît que son penchant pour son propre sexe est anormal, mais il s’excuse de ses excès sexuels par sa prédisposition morbide.

Depuis sa fuite d’Allemagne, X… vit dans le sud de l’Italie, et, comme je l’apprends par une lettre qu’il m’a adressé, il s’adonne, comme autrefois, à l’amour uraniste.

X… est un homme grave, de très belle prestance et de traits tout à fait virils ; il a une barbe très fournie ; ses parties génitales sont normalement développées. Le docteur X… a mis, il y a quelque temps, son autobiographie à ma disposition ; les passages suivants méritent d’en être reproduits. « Quand, à l’âge de sept ans, je suis entré dans une pension, je me sentis très mal à mon aise, et j’ai trouvé un accueil très peu avenant de la part de mes condisciples. Je ne me sentais attiré que vers un seul d’entre eux, un très joli enfant que j’aimais presque passionnément. Dans nos jeux d’enfants, je savais toujours arranger les choses pour paraître habillé en fille ; et mon plus grand plaisir était de faire à notre bonne des coiffures bien compliquées. Je regrettais souvent de n’être pas né fille.

« Mon instinct génital s’éveilla à treize ans et se porta, dès son origine, vers les jeunes gens vigoureux. Au commencement, je ne

  1. aversion des femmes