Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/388

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très minime. J’ai aussi beaucoup de dispositions et de goût pour les travaux manuels de la femme ; sans avoir reçu la moindre éducation, j’ai appris la broderie et le crochet et, en secret, j’aime à faire ces travaux. J’aime aussi à m’occuper d’autres travaux féminins, tels que la couture, etc. De sorte qu’à la maison, où je cache soigneusement mon penchant et me garde bien de m’y livrer, des preuves que je donnai involontairement de mes aptitudes, m’ont valu cet éloge que je ferais une excellente femme de chambre, éloge dont je ne rougis pas du tout, mais qui au contraire m’a beaucoup flatté en secret. Je faisais peu de cas de la danse avec les femmes ; je n’aimais à danser qu’avec mes camarades d’école. Notre cours de danse était organisé de sorte que j’en avais souvent l’occasion ; mais en dansant avec un camarade, je n’avais de plaisir qu’à la condition d’être dans le rôle de la dame. Je passe sur une série de rêveries et de désirs qui semblent avoir un caractère typique, étant d’une ressemblance parfaite avec les phénomènes cités dans la Psychopathia sexualis : par exemple, les fantaisies funèbres de ce jeune officier, le costume de ballerine, etc. Pour le reste, mes goûts ne diffèrent pas d’une façon notable de ceux de mon sexe. Je fume et bois modérément ; j’aime beaucoup les sucreries, et je fais peu de cas des exercices du corps.

IV. Historique de l’anomalie. – Après cette description sommaire de mon individualité, je peux passer à l’analyse historique du développement de mon anomalie. Dès le moment où j’ai pu quelque peu penser par moi-même et que je me suis occupé de la différence des sexes, j’eus le désir ferme et secret d’être une fille. Je croyais même l’être. Mais, en prenant un bain avec des camarades, je vis chez les autres garçons les mêmes parties génitales que chez moi, je me rendis compte de l’impossibilité de mon idée. Je dus rabattre de mes désirs et me nourrir de l’espoir d’être du moins hermaphrodite. Comme j’avais une certaine répulsion à regarder de près les images et les descriptions des parties génitales, bien que de pareils ouvrages me soient tombés souvent entre les mains, cette espérance subsista jusqu’au moment où mes études m’obligèrent à m’occuper de plus près de cette matière. Pendant ce temps, je lus tous les livres où il était question d’hermaphrodites, et quand parfois les journaux racontaient comment une personne du sexe féminin avait été élevée en homme et rendue plus tard par hasard à son sexe, j’avais le plus vif désir d’être à la place de cette personne. Bien fixé sur mon caractère