Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/468

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tout à fait débarrassé de l’onanisme et des sentiments sexuels pour les hommes. Comme dans l’hypnose il donne toujours les mêmes réponses stéréotypées (par exemple, d’avoir à telle ou telle date fait la masturbation pour la dernière fois) et qu’il subit trop la volonté du médecin pour pouvoir mentir, ses affirmations méritent foi, d’autant plus qu’il a les apparences d’une santé florissante, qu’il est exempt de tout malaise neurasthénique, qu’il ne donne aucune inquiétude dans ses rapports avec les messieurs, et qu’il montre un caractère franc, libre et viril.

Comme il fait parfois le coït avec plaisir et en cédant à son libre penchant, et que les pollutions qu’il a quelquefois, ne sont provoquées que par des rêves érotiques concernant des personnes féminines, on ne peut plus douter de la transformation favorable de sa vita sexualis et l’on peut supposer que les suggestions hypnotiques sont maintenant devenues des auto-suggestions directrices de la totalité de ses sentiments, de ses idées et de ses efforts. Le malade restera probablement toujours une natura frigida, mais il parle souvent de mariage, et de sa résolution, aussitôt qu’il aura trouvé une dame qui lui soit sympathique, de solliciter sa main. On cessa le traitement. (Observation personnelle. International Centralblatt für die Physiol. u. Pathologie der Harn und Sexualorgane. T. I.)

Au mois de juillet 1889, j’ai reçu une lettre du père qui m’annonce que son fils se porte bien et a une bonne conduite.

Le 24 mai 1890 j’ai rencontré par hasard mon ancien client dans un voyage. Son air de santé florissante me laissa supposer un état des plus favorables. Il me confessa qu’il trouvait encore certains hommes sympathiques, mais qu’il n’éprouvait plus aucune velléité amoureuse pour le sexe masculin. À l’occasion, il fait le coït avec des femmes, en éprouve un plaisir parfait, et il songe sérieusement à se marier.

Pour faire un essai, j’ai hypnotisé le malade selon la méthode que je lui avais appliquée autrefois et je lui demandai de répéter les ordres que je lui avais donnés.

Plongé dans un profond somnambulisme et avec la même intonation qu’autrefois, le malade me récita les suggestions qu’il avait reçues en décembre 1888. C’est, en tout cas, un exemple de la durée et de la puissance de la suggestion posthypnotique.

Le traitement par suggestion hypnotique eut un succès complet dans les cas suivants :