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OBSERVATION 140. (Hermaphrodisme psychique. Amélioration par le traitement hypnotique.) – M. de K…, 23 ans, d’une grande famille, très bien doué intellectuellement, scrofuleux pendant son enfance, descend d’un père qui, dit-on, a été un viveur. Le frère du père avait la réputation d’être un inverti sexuel.

Le malade affirme que, déjà à l’âge de sept ans, il avait une inclination singulière pour les personnes du sexe masculin. C’étaient surtout les cochers et les laquais à moustaches qui l’enthousiasmaient à cette époque. Il éprouvait un sentiment de bonheur étrange quand il pouvait se frotter contre ces individus.

De bonne heure, le malade fut placé au corps des cadets, où il fut entraîné à l’onanisme mutuel et où il apprit la pratique de l’imitatio coïtus inter femora viri[ws 1]. À l’âge de dix-sept ans, il fit pour la première fois le coït avec une prostituée.

Il accomplit l’acte très bien, mais il n’eut pas le moindre plaisir, et il reconnut ou que ce genre de satisfaction n’était rien ou bien qu’il devait être autrement conformé que les autres jeunes gens.

Toutefois, il coïtait encore souvent, contracta une gonorrhée, après la guérison de laquelle il éprouva une aversion de plus en plus vive pour le sexe féminin ; il pratiqua dorénavant le coït de plus en plus rarement et seulement dans les cas où, malgré son libido très vif, il ne pouvait avoir des rapports avec des individus masculins. Son penchant pour les hommes devenait de plus en plus fort ; c’étaient notamment les hommes adultes bien bâtis et autant que possible peu barbus qui avaient de l’attrait pour lui. Il aboutit aux excès les plus dégoûtants dans le sens du coïtus buccalis[ws 2], et de la pédérastie[ws 3] active et passive.

Le malade lui-même avait grande honte d’une pareille dégradation ; il essayait toujours de revenir dans la bonne voie en faisant le coït avec la femme, mais il dut se rendre à cette évidence désespérante que sa force normale était insuffisante, que le rapport avec la femme le laissait froid ou même lui répugnait, et que, à vrai dire, il était créé pour les rapports sexuels avec des personnes de son propre sexe. En effet, ses songes n’avaient jamais les femmes pour objet, mais toujours les hommes, et tel était déjà le cas à un âge où il n’avait pas encore la moindre idée de la différence des sexes.

Le malade vient à la consultation, car il a compris que le bonheur de toute sa vie est en jeu. Il a clairement reconnu le caractère immoral et antinaturel de son existence sexuelle. Il croit que sa situation n’est pas désespérée, puisqu’il n’abhorre

  1. pénétration entre les cuisses de l’homme
  2. fellation
  3. sodomie