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action sur les exubérances d’un instinct naturel si puissant ; enfin il est certain qu’une partie seulement des délits sexuels parvient à la connaissance des autorités. L’action de ces dernières est appuyée par l’opinion publique qui considère ce genre de délits comme infamant.

La statistique criminelle montre ce triste fait que, dans notre civilisation moderne, les délits sexuels ont un accroissement progressif, et particulièrement les actes de débauche avec des individus âgés de moins de quatorze ans[1].

Le moraliste ne voit dans ces tristes faits qu’une décadence des mœurs générales et, selon les circonstances, il arrive à la conclusion que la trop grande douceur du législateur dans le châtiment des délits sexuels, comparée avec la rigueur des siècles passés, est en partie la cause de l’augmentation de ce genre de délits.

Mais pour le médecin observateur l’idée s’impose que ce phénomène vital de notre civilisation moderne est en connexité avec la nervosité croissante des dernières générations, car cette nervosité crée des individus chargés de tares névropathiques, elle excite la sphère sexuelle, pousse aux abus sexuels et, étant donné que la lubricité continue à subsister même quand la puissance sexuelle est diminuée, elle conduit aux actes sexuels pervers.

On verra plus loin combien est justifiée cette manière de voir, surtout quand il s’agit d’expliquer la raison de l’accroissement remarquable du nombre des délits de mœurs commis sur des enfants.

Il ressort de ce que nous avons expliqué jusqu’ici que, en ce qui concerne l’acte des délits sexuels, ce sont souvent les conditions névropathiques et même psychopathiques de l’individu qui sont décisives. Cela posé, la responsabilité de beaucoup de gens accusés de délits de mœurs se trouve mise en doute.

  1. Comparez : Casper, Klin. Novellen. ; Lombroso, Goltdammers Archiv, t. XXX ; Œttingen, Moralstatistik, p. 191.