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Ces anomalies cérébrales tombent dans le domaine de la psychopathologie. Les anomalies spinales et périphériques peuvent se combiner avec celles-ci. Ordinairement elles se rencontrent chez des individus non atteints de maladies mentales. Elles peuvent se présenter sous diverses combinaisons et devenir le mobile de délits sexuels. C’est pour cette raison qu’elles demandent à être traitées à fond dans l’exposé qui va suivre. L’intérêt principal, cependant, doit revenir aux anomalies causées par le cerveau, ces anomalies poussant souvent à des actes pervers et même criminels.


A. – Paradoxie. Instinct sexuel en dehors de la période des processus anatomico-physiologiques

1o Instinct sexuel dans l’enfance. – Tout médecin neuro-pathologue et tout médecin d’enfants savent que les mouvements de la vie sexuelle peuvent se manifester chez les petits enfants. Il faut citer, à ce propos, les communications très remarquables d’Ultzmann sur la masturbation dans l’enfance[1].

Il faut bien distinguer les cas nombreux où, à la suite de phimosis, balanites, oxyures dans l’anus ou dans le vagin, les enfants éprouvent des démangeaisons aux parties génitales, y font des attouchements, en ressentent une sorte de volupté et arrivent ainsi à la masturbation. Il faut bien séparer de tous ces cas ceux où, sans aucune cause périphérique, mais uniquement par des processus cérébraux, l’enfant éprouve des désirs et des penchants sexuels. Dans ces derniers cas seulement il s’agit d’une manifestation précoce de la vie sexuelle. Il est probable qu’on se trouve là en présence d’un phénomène partiel d’un état morbide neuro-

  1. Louyer-Villermay rapporte ainsi un cas d’onanisme chez une fille de trois à quatre ans ; de même, Moreau (Aberrations du sens génésique, 2e édit., p. 209) parle d’un enfant de deux ans. À consulter Maudsley : Physiologie et Pathologie de l’âme, p. 218 ; Hirschsprung (Kopenhagen), Berlin. klin. Wochenschrift, 1886, nº 38 ; Lombroso, L’Uomo delinquente.