Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/108

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politique bourgeoise, de la science routinière, de la moralité bourgeoise, de l’art mis au service des exploiteurs, des coutumes et usages grotesques ou détestables d’hypocrisie, dont les siècles passés ont doté la société actuelle, — bref, la négation de tout ce que la civilisation bourgeoise entoure aujourd’hui de vénération.

De même pour les anarchistes. Lorsqu’au sein de l’Internationale, il surgit un parti qui niait l’autorité dans l’Association et qui se révoltait contre l’autorité sous toutes ses formes, ce parti se donna d’abord le nom de parti fédéraliste, puis celui d’anti-étatiste ou anti-autoritaire. À cette époque, il évitait même de se donner le nom d’anarchiste. Le mot an-archie (c’est ainsi qu’on l’écrivait alors) semblait trop rattacher le parti aux Proudhoniens, dont l’Internationale combattait en ce moment les idées de réforme économique. Mais, c’est précisément, à cause de cela, pour jeter de la confusion, que les adversaires se plurent à faire usage de ce nom ; en outre, il permettait de dire que le nom même des anarchistes prouve que leur seule ambition est de créer le désordre et le chaos, sans penser au résultat.

Le parti anarchiste s’empressa d’accepter le nom qu’on lui donnait. Il insista d’abord sur le petit trait d’union entre an et archie, en expliquant que sous cette forme, le mot an-archie, d’origine grecque, signifiait pas de pouvoir, et non pas « désordre » ; mais bientôt il l’accepta tel quel, sans donner de besogne inutile aux correcteurs d’épreuves ni de leçon de grec à ses lecteurs.

Le mot en est donc revenu à sa signification primitive, ordinaire, commune, exprimée en 1816 en ces