Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/145

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qui s’appelle aujourd’hui collectiviste, substituant au collectivisme de l’ancienne Internationale (qui n’était que le communisme anti-autoritaire), une espèce de collectivisme doctrinaire, a cherché à établir une distinction entre le capital qui sert à la production et la richesse qui sert à subvenir aux nécessités de la vie. La machine, l’usine, la matière première, les voies de communication et le sol d’un côté ; les habitations, les produits manufacturés, les vêtements, les denrées de l’autre. Les uns devenant propriété collective ; les autres destinés, selon les doctes représentants de cette école, à rester propriété individuelle.

On a cherché à établir cette distinction. Mais le bon sens populaire en a eu vite raison. Il a compris que cette distinction est illusoire et impossible à établir. Vicieuse en théorie, elle tombe devant la pratique de la vie. Les travailleurs ont compris que la maison qui nous abrite, le charbon et le gaz que nous brûlons, la nourriture que brûle la machine humaine pour maintenir la vie, le vêtement dont l’homme se couvre pour préserver son existence, le livre qu’il lit pour s’instruire, voire même l’agrément qu’il se procure sont autant de parties intégrantes de son existence, tout aussi nécessaires pour le succès de la production et pour le développement progressif de l’humanité, que les machines, les manufactures, les matières premières et les autres agents de la production. Ils ont compris que maintenir la propriété individuelle pour ces richesses, serait maintenir l’inégalité, l’oppression, l’exploitation, paralyser d’avance les résultats de l’expropriation partielle. Passant par-dessus les chevaux de frise mis dans leur chemin par le collectivisme des théoriciens, ils marchent droit à la forme plus simple