Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’enfermer dans les chancelleries et de s’épuiser en débats oisifs. Il sera un empêchement et un danger ; impuissant pour le bien, formidable pour le mal ; donc, il n’a pas de raison d’être. »

Si naturel et si juste que soit ce raisonnement, cependant il se heurte encore aux préjugés séculaires accumulés, accrédités, par ceux qui ont eu intérêt à maintenir la religion du gouvernement à côté de la religion de la propriété et de la religion divine.

Ce préjugé, — le dernier de la série : Dieu, Propriété, Gouvernement, existe encore, et il est un danger pour la prochaine révolution. Mais on peut déjà constater qu’il s’ébranle. — « Nous ferons nous-mêmes nos affaires, sans attendre les ordres d’un gouvernement, et nous passerons par-dessus la tête de ceux qui viendront s’imposer sous forme de prêtre, de propriétaire ou de gouvernant, » — disent déjà les prolétaires. Il faut donc espérer que si le parti anarchiste continue à combattre vigoureusement la religion du gouvernementalisme, et s’il ne dévie pas lui-même de sa route en se laissant entraîner dans les luttes de pouvoir, — il faut espérer, disons-nous, que dans les quelques années qui nous restent encore jusqu’à la Révolution, le préjugé gouvernemental sera suffisamment ébranlé pour ne plus être capable d’entraîner les masses prolétaires dans une fausse voie.




Il y a cependant une lacune regrettable dans les réunions populaires que nous tenons à signaler.