Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/168

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même. Ce ne sont pas eux qui cultivent leurs terres : ils ont pour cela des valets de ferme payés 250 ou 300 francs par an, et auxquels on fait faire un travail qui en vaut mille.

Ceux-là, nous n’en doutons pas, seront les ennemis de la révolution ; ils sont déjà les ennemis de la liberté, les suppôts de l’inégalité, les piliers de l’exploitation. Ils constituent, il est vrai, un noyau assez considérable — peut-être 200,000 propriétaires, 800,000 personnes, familles comprises, et aujourd’hui, ils sont une force réelle dans les villages. L’État leur donne beaucoup d’importance, et leur aisance leur assure dans la commune une influence dont ils ne manquent pas de profiter. Mais, que deviendront-ils devant le flot de soulèvement populaire ? Certes, ce ne seront pas eux qui sauront y résister : rentrés prudemment chez eux ils attendront les résultats de la tourmente.




Ceux qui possèdent de 10 à 50 hectares sont plus nombreux que la classe précédente. À eux seuls, ils sont plus de 250,000 propriétaires, près de 1,200,000 personnes, familles comprises. Ils possèdent près du quart de la surface arable de la France.

Ce noyau constitue une force considérable par son influence dans les campagnes et par son activité. Tandis que les précédents habitent souvent la ville, ceux-ci travaillent eux-mêmes à leurs champs ; ils n’ont pas rompu avec le village, et jusqu’à présent, ils sont encore restés paysans. Eh bien, c’est sur leur