Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/209

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quitter des promesses faites pour enlever le vote. Son éloquence n’était qu’une cantate de circonstance, composée et chantée pour amuser la galerie, pour réchauffer sa popularité par des phrases ronflantes.




« Enlever un vote ! » — Mais qui donc sont ceux qui enlèvent ces votes, dont les bulletins font pencher d’un côté ou de l’autre la balance parlementaire ? Qui sont ceux qui renversent et refont les ministères et qui dotent le pays d’une politique de réaction ou d’aventures extérieures ? Qui décide entre le ministère et l’opposition ?

— Ceux qu’on a nommés si justement « les crapauds du marais ! » Ceux qui n’ont aucune opinion, ceux qui s’assoient toujours entre deux chaises, qui flottent entre les deux partis principaux de la Chambre.

C’est précisément ce groupe — une cinquantaine d’indifférents, de gens sans conviction aucune, qui font la girouette entre les libéraux et les conservateurs, qui se laissent influencer par les promesses, les places, la flatterie ou la panique —, ce petit groupe de nullités, qui en donnant ou refusant ses voix, décide toutes les affaires du pays. Ce sont eux qui font les lois ou les renvoient dans les cartons. Ce sont eux qui supportent ou renversent les ministères et qui changent la direction de la politique. — Une cinquantaine d’indifférents faisant la loi au pays — voilà à quoi se réduit, en première analyse, le régime parlementaire.

Cela est inévitable, quelle que soit la composition du parlement, qu’il soit bourré d’étoiles de pre-