mière grandeur et d’hommes intègres — la décision appartiendra… aux crapauds du marais ! Rien ne peut y être changé tant que la majorité fera loi.
Après avoir brièvement indiqué les vices constitutionnels des assemblées représentatives, nous devrions maintenant montrer ces assemblées à l’œuvre. Nous devrions montrer, comment toutes, depuis la Convention jusqu’au conseil de la Commune de 1871, depuis le Parlement anglais jusqu’à la Skoupchtchina serbe, sont entachées de nullité ; comment leurs meilleures lois n’ont été — selon l’expression de Buckle — que l’abolition de lois précédentes, comment ces lois ont dû être arrachées par les piques du peuple, par des moyens insurrectionnels. Ce serait une histoire à faire, mais elle dépasserait les cadres de notre revue[1].
D’ailleurs quiconque sait raisonner sans se laisser égarer par les préjugés de notre éducation vicieuse trouvera lui-même assez d’exemples dans l’histoire du gouvernement représentatif de nos jours. Et il comprendra que, quel que soit le corps représentatif : qu’il soit composé d’ouvriers ou de bourgeois, qu’il soit même largement ouvert aux socialistes-révolutionnaires — il conservera tous les vices des assemblées représentatives. Ceux-ci ne dépendent pas des individus, ils sont inhérents à l’institution.
Rêver un État ouvrier, gouverné par une assemblée
- ↑ Le lecteur trouvera dans l’ouvrage récent de Herbert Spencer l’Individu contre l’État, un chapitre intitulé les Péchés des Législateurs, qui traite ce sujet. — ed.