Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/213

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

maître de ses affaires non seulement en ce qui concerne son métier ou son commerce, mais dans tout ce que l’État s’attribuera plus tard : instruction, mesures sanitaires, infractions aux coutumes, affaires pénales et civiles, défense militaire. Corps politiques, en même temps qu’industriels ou commerçants, les corporations sont unies entre elles par le forum — le peuple réuni au son du beffroi aux grandes occasions, soit pour juger les différends entre corporations soit pour décider des affaires qui concernent toute la cité, soit pour s’entendre sur les grandes entreprises communales qui demandent le concours de tous les habitants.

Dans la Commune, surtout aux débuts — point de traces encore de gouvernement représentatif. La rue, la section, toute la corporation, toute la cité en bloc, prennent les décisions — non pas à coups de majorité, mais en discutant jusqu’à ce que les partisans d’une des deux opinions en présence finissent par accepter de plein gré, ne serait-ce que comme essai, l’opinion qui rallie le grand nombre.

L’entente existait-elle ? — La réponse est dans leurs œuvres que nous ne cessons d’admirer sans pouvoir les surpasser. Tout ce qui est resté de beau de la fin du moyen âge est l’œuvre de ces cités. Les cathédrales, ces monuments gigantesques qui racontent, taillés dans la pierre, l’histoire, les aspirations des Communes, sont l’œuvre de ces corporations, travaillant par piété, par amour de l’art et de leur cité (ce n’est pas avec les fonds municipaux que les cathédrales de Reims, de Rouen, auraient pu être payées) et rivalisant entre elles pour embellir leurs hôtels de ville, pour élever leurs remparts.