Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/215

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ment par procuration, c’est-à-dire le gouvernement des riches, prenait pied dans la commune. Elle se constituait en État représentatif avec caisse municipale, milice louée, condottieri armés, services publics, fonctionnaires. État elle-même, mais État en petit, ne devait-elle pas devenir bientôt la proie de l’État en grand qui se constituait sous les auspices de la royauté ? Minée déjà à l’intérieur, elle fut en effet engloutie par l’ennemi extérieur — le roi.




Pendant que les cités libres florissaient, l’État centralisé se constituait déjà à leurs portes.

Il naquit loin du bruit du forum, loin de l’esprit municipal qui inspirait les villes indépendantes. C’est dans une ville nouvelle, à Paris, à Moscou — ramassis de villages —, que se consolida le pouvoir naissant de la royauté. Qu’était le roi jusqu’alors ? Un chef de bande comme les autres. Un chef dont le pouvoir s’étendait à peine sur sa bande de brigands et qui prélevait à peine un tribut sur ceux qui voulaient lui acheter la paix. Tant que ce chef était enfermé dans une ville fière de ses libertés communales, que pouvait-il ? Dès que, de simple défenseur des murailles, il cherchait à devenir maître de la ville, le forum le chassait. Il se réfugia donc dans une agglomération naissante, dans une ville nouvelle. Là, puisant la richesse dans le travail des serfs, ne rencontrant point d’obstacles dans la plèbe turbulente, il commença par l’argent, la fraude, l’intrigue et les armes, le lent travail d’agglomération, de centralisation, que les guerres de l’époque, les invasions conti-